D’ÉTRANGES COMPAGNONS DE LIT

“Selon un vieil adage anglais, “la politique fait d’étranges compagnons de lit”. C’est un fait qu’il y a beaucoup de rivalité et en général très peu d’unité parmi les éléments politiques… Mais que quelque chose menace leur façon d’agir… alors les éléments politiques joignent leurs forces à celles de leurs anciens rivaux ou de leurs ennemis même, et se concertent pour mettre fin à…”

– La Tour de Garde du 1er juillet 1968 –

Oui, c’est vrai – la politique fait d’étranges compagnons de lit. Et la religion et la politique rendent ces rapprochements plus étranges encore. Cette vérité n’a jamais trouvé plus grande confirmation que dans l’absurde partenariat politique entre la Watchtower, soi-disant “politiquement neutre” et ce qu’elle appelle “la chose immonde” – à savoir les Nations Unies. Cela paraît si incroyable que, même avec les preuves sous le nez, beaucoup de Témoins de Jéhovah refusent tout simplement de croire que la Watchtower ait pu se rendre coupable d’une telle alliance compromettante. Pourtant, c’est bel et bien ce qu’elle a fait. Ce chapitre vous en donnera toutes les preuves.

Le 8 octobre 2001, Stephen Bates, le correspondant aux affaires religieuses du quotidien londonien The Guardian1 fut le premier à révéler que la Watchtower Bible and Tract Society était officiellement enregistrée au Département de l’Information (DPI en anglais) des Nations Unies comme Organisation Non Gouvernementale (ONG). A l’insu de millions de Témoins de Jéhovah, on découvrit que la Watchtower s’était secrètement affiliée aux Nations Unies plus d’une décennie plus tôt.

S’attendant à un raz-de-marée de critiques et peut être même à une enquête officielle de l’ONU, la Watchtower demanda la résiliation immédiate de son affiliation auprès du DPI. Peu après, Paul Gillies, le porte-parole de la Watchtower à Londres publia une déclaration dans The Guardian disant qu’il avait été nécessaire d’enregistrer l’organisation en tant qu’ONG pour que les béthélites mandatés pour faire des recherches aient accès à la bibliothèque Dag Hammarskjöld située au siège des Nations Unies à New York et que c’est tout ce qu’il y avait à dire à ce sujet. Cependant, étant submergé par les demandes d’explication de Témoins de Jéhovah du monde entier – beaucoup ayant découvert cette histoire sur Internet – le Collège Central envoya également quelques semaines plus tard une note “explicative” détaillée aux différentes filiales qui lui avaient fait part de leurs interrogations. Le Béthel de Brooklyn laissait entendre dans cette note que l’enregistrement de la Watchtower en tant qu’ONG n’avait rien de secret. Elle déclarait en introduction :

Des opposants ayant publié des allégations selon lesquelles nous aurions des liens secrets avec les Nations Unies, un certain nombre de filiales nous ont demandé des explications à ce sujet et nous leur avons répondu.

Etant donné qu’avant que The Guardian ne publie cet article, la Watchtower n’avait jamais ouvertement parlé dans ses publications de son affiliation à l’ONU en tant qu’ONG, aucun Témoin de Jéhovah n’était au courant de celle-ci – dont un grand nombre de coordinateurs de filiales qui eux-mêmes voulaient en savoir plus. Il est particulièrement malhonnête de la part du Collège Central d’avoir cherché à noyer le poisson en parlant “d’allégations d’opposants selon lesquelles nous aurions des liens secrets avec les Nations Unies.” Même à ce jour, la vaste majorité des Témoins de Jéhovah ignore encore totalement cette affaire. Contrairement à ce que disait la Watchtower dans son communiqué de presse dont chaque mot était pesé, ses liens avec les Nations Unies étaient, et restent encore dans de nombreux aspects, secrets.

“NOUS AVONS DU NOUS ENREGISTRER COMME ONG”

La lettre adressée aux filiales reprend les premières déclarations de la Watchtower disant que la seule raison pour laquelle elle s’était enregistrée comme ONG était pour obtenir un droit d’accès à la bibliothèque des Nations Unies. Plus précisément, le Collège Central déclara :

1 Les Témoins de Jéhovah, hypocrites, mettent fin à leurs liens secrets avec l’ONU – The Guardian

“Le but dans lequel nous nous sommes associés en 1991 auprès du Département de l’Information en tant qu’organisation non gouvernementale était d’avoir accès aux outils de recherche disponibles dans les domaines de la santé, de l’environnement et des sciences sociales à la bibliothèque des Nations Unies. Cela faisait des années que nous utilisions cette bibliothèque mais cette année-là, nous avons dû nous enregistrer comme ONG pour continuer à y avoir accès.”

unIl ne fait aucun doute que le Béthel a beaucoup utilisé la bibliothèque des Nations Unies. Les revues La Tour de Garde et Réveillez-vous! contiennent des centaines de statistiques et de faits tirés de dizaines d’agences onusiennes et de leurs fonctionnaires. De même, beaucoup de photos publiées dans les revues étaient créditées auprès des archives du DPI. Donc, il est incontestable que la Watchtower a utilisé les archives des Nations Unies pendant de nombreuses années – comme elle le déclare elle-même. Mais, à y regarder de plus près, il s’avère que l’accès à la bibliothèque de l’ONU n’était pas du tout strictement réservé aux ONG, comme le prétend la Watchtower – tout du moins pas avant le 11 septembre 2001.

Si l’on en croit une réponse à un courriel qui lui avait été directement adressé, le responsable de la bibliothèque1 Dag Hammarskjöld disait qu’au début, des accréditations temporaires avaient été accordées à certains spécialistes reconnus ou à des chercheurs sans qu’il leur soit demandé de représenter une organisation ayant le statut d’ONG associée. Il n’y a que depuis peu, depuis le renforcement des mesures de sécurité qui fit suite aux attaques terroristes du 11 septembre à New York que toutes les accréditations d’accès aux locaux ont été annulées hormis celles des fonctionnaires onusiens eux-mêmes – les représentants d’ONG étant l’exception. Bien sûr, la Watchtower s’est associée aux Nations Unies en tant qu’ONG bien avant le 11 septembre et ne la quittée qu’un mois plus tard.

En dehors du fait que la bibliothèque Dag Hammarskjöld n’était pas uniquement réservée aux ONG, les individus ou organisations désirant consulter des documents relatifs aux Nations Unies ont également une quantité d’autres moyens à leur disposition. L’un d’entre eux est de s’adresser aux plus de 400 bibliothèques de dépôt dont les Nations Unies disposent un peu partout dans le monde. Ces dépôts sont généralement des bibliothèques universitaires où une petite section est consacrée à l’archivage des documents onusiens. En plus de ces dépôts, les Nations Unies ont mis en place un réseau de Centres d’Information (CINU) tout autour du monde ; ces derniers servant de filiales au DPI. Leur but est de faire en sorte que les journalistes ou les chercheurs qui n’ont pas accès à la bibliothèque Dag Hammarskjöld puissent néanmoins disposer d’une certaine quantité d’information. En outre, ces dernières années, les Nations Unies ont publié une énorme quantité de documents consultables désormais sur internet. Il y a aussi la possibilité d’acheter certains documents publiés par les Nations Unies. Il est donc facilement démontrable que l’affirmation disant que depuis 1991, “nous avons dû nous enregistrer comme ONG” est mensongère. La lettre du Collège Central aux différentes filiales poursuivait en ces termes :

“Les formulaires d’enregistrement remplis auprès de l’ONU que nous avons dans nos dossiers ne contiennent aucune déclaration en contradiction avec nos croyances chrétiennes”.

Ils ont fait croire aux coordinateurs de filiales que le fait de s’enregistrer comme ONG associée ne revenait qu’à remplir quelques banals formulaires et qu’il n’y avait en cela rien qui aurait pu choquer la conscience chrétienne des Témoins de Jéhovah. Toutefois, devenir une ONG requiert davantage que de signer quelques formulaires d’enregistrement. Ce journaliste du The Guardian contacta directement le DPI par courriel et ce dernier lui répondit que la procédure d’inscription habituelle qui était en vigueur en 1992 (l’année où la Watchtower obtint son statut d’ONG) consistait en l’envoi d’une brochure et d’une lettre de bienvenue aux nouveaux membres, laquelle leur rappelait avec précision ce que l’on attendait des ONG. Entre autres choses, voilà ce qu’on pouvait lire sur la lettre :

1 Courriel d’une bibliothèque de l’ONU.

“Le but principal dans lequel une association non gouverne-mentale s’associe avec le Département de l’Information des Nations Unies est d’être un relais dans la diffusion d’informations visant à approfondir la connaissance du public sur les principes, les activités et les réalisations des Nations Unies et de ses agences. Par conséquent, il est important que vous nous teniez informés sur les programmes d’information entrepris par votre organisation dans tout ce qui a trait aux Nations Unies, nous fournissant même des exemplaires de vos publications qui traitent ce sujet. Veuillez trouver ci-joint une brochure intitulée “Les Nations Unies et les Organisations Non Gouvernementales,” laquelle vous communiquera certaines informations relatives au statut d’ONG.”

Contrairement au démenti désinvolte de la Watchtower, les informations qui lui ont été fournies par le DPI contiennent bel et bien des affirmations qui sont “en contradiction avec nos croyances chrétiennes” ! Les Témoins de Jéhovah sont-ils censés vraiment croire que les juristes de la Watchtower n’ont pas minutieusement examiné ces documents ou que les deux signataires requis du formulaire d’enregistrement impliquèrent ce jour-là l’organisation dans son ensemble dans une alliance politique avec les Nations Unies sans avoir préalablement réfléchi ou débattu entre eux sur les ramifications éventuelles ?

Encore plus déroutant, la Watchtower laisse entendre que les Nations Unies ont changé les critères d’association ainsi que la formulation du contenu des documents sans qu’elle en soit informée et cela après qu’elle eut postulé la première fois pour devenir une ONG ; ce qui fait que les formulaires d’enregistrement qu’elle avait en sa possession n’auraient plus été à jour. La lettre aux filiales disait :

“Encore une fois, le Critère d’Association comme ONG – tout du moins dans sa dernière version – contient des déclarations auxquelles nous ne pouvons souscrire. Quand nous nous en sommes rendu compte, nous avons immédiatement mis un terme à notre enregistrement. Nous sommes reconnaissants que cela ait été porté à notre attention.”

Cette affirmation s’est également révélée mensongère. Sinon, que la Watchtower nous fournisse les documents originaux qu’elle possède dans ses dossiers et qui sont censés ne pas contenir ces phrases en contradiction avec la foi des Témoins de Jéhovah. Selon le Département de l’Information,1 la charte relative aux ONG fut en premier lieu rédigée en 1968. Au sous-titre “Quand les liens entre le DPI et les ONG ont-ils commencé ? La charte déclarait:

“En 1968, le Conseil Economique et Social (ECOSOC), par la résolution 1297 (XLIV) du 27 mai, demanda au DPI de s’associer avec les ONG, gardant en mémoire la lettre et l’esprit de sa résolution 1296 (XLIV) du 23 mai 1968, qui affirmait qu’une ONG “…devra s’engager à soutenir l’œuvre des Nations Unies et à favoriser la connaissance de ses principes et de ses activités, en accord avec ses propres objectifs et desseins ainsi qu’en fonction de la nature et de l’étendue de ses compétences et activités.”

1 Section DPI/ONG des Nations Unies

La Watchtower joue ici sur les mots et cherche à donner l’impression que seule la “dernière version” des “Critères d’Association des ONG” à l’ONU était choquante. Mais les faits démontrent le contraire. Il est absolument incroyable qu’une organisation qui a semble-t-il été très attentive aux moindres faits et gestes de l’ONU ces dernières années prétende avoir ignoré les points les plus basiques concernant les liens unissant les ONG et le DPI.

La Watchtower omet également de reconnaître que chaque ONG doit choisir au moins une catégorie dans laquelle elle désire être affiliée et que les ONG ont également l’obligation de mettre à jour les dossiers les concernant ainsi que ceux relatifs à leurs domaines d’intérêt.1 A cet égard, en 1997, la Watchtower apporta une modification à ses centres d’intérêt en relation avec l’ONU en y incluant la question des droits de l’homme. Qu’est-ce que cela veut dire ? Tout simplement que le Béthel n’ignorait pas que ses relations avec le DPI impliqueraient que les Nations Unies et les nombreuses autres ONG sauraient que la Watchtower désirait s’investir dans la défense d’intérêts bien spécifiques également promus par les Nations Unies. Et les faits montrent que c’est exactement ce que la Watchtower a fait.

Il faut être d’une crédulité sans nom pour croire que les principaux protagonistes au sein de la Watchtower ont innocemment enregistré l’organisation en tant qu’ONG auprès des Nations Unies sans réaliser que c’était une violation directe de sa politique de neutralité. La Watchtower considère que c’est un acte d’apostasie pour tout Témoin de Jéhovah de s’inscrire aux YMCA (Young Men’s Christian Association) même si c’est juste pour utiliser la salle de sport. Voici comment une question des lecteurs avait trouvé réponse le 1er avril 1979, dans un article de La Tour de Garde qui traitait de l’inscription dans des centres YMCA :

“En adhérant à l’Y.M.C.A., une personne accepte et prend à son compte les objectifs et les principes de l’organisation. Il ne s’agit pas simplement de payer pour recevoir quelque chose, comme lorsqu’on achète ce qui est vendu au public dans un magasin. L’adhésion n’est pas non plus un simple droit d’entrée, comme c’est le cas quand on achète un billet de théâtre. Elle signifie que l’on est devenu partie intégrante de cette organisation fondée avec des objectifs religieux, entre autres, le développement de l’œcuménisme. Ainsi, devenir membre d’une telle association dite “chrétienne” serait, pour un Témoin de Jéhovah, une forme d’apostasie.”

1 Par exemple, la question des droits de la femme, l’éducation, le désarmement, l’environnement, les droits de l’homme, etc.

logoSi le fait de devenir un membre des YMCA signifie que les nouveaux membres “acceptent et prennent à leur compte les objectifs et les principes de l’organisation,” selon les déclarations mêmes de la Watchtower et que “leur adhésion signifie qu’ils sont devenus partie intégrante de cette organisation,” ce qui revient alors à une forme d’apostasie, la Watchtower ne devrait-elle donc pas satisfaire aux mêmes exigences quand il s’agit de s’allier politiquement avec les Nations Unies – même s’il ne s’agissait que d’avoir accès à sa bibliothèque ?

D’un côté, la Watchtower insiste sur le fait que s’inscrire aux YMCA confère non seulement un droit d’accès mais que cela revient aussi à accepter et à faire siens les principes religieux de cette organisation. Mais quand il s’agit de la Watchtower elle-même, le Béthel minimise son inscription auprès du DPI en prétendant que ce n’était rien d’autre qu’un laissez-passer pour accéder à la bibliothèque.

Mais, la Watchtower s’est-elle réellement engagée dans un partenariat politique avec les Nations Unies. Pour répondre à cette question, il est nécessaire de définir ce qu’est une ONG. Alors? En définitive, qu’est-ce qu’une ONG ?

“LES ONG SONT DES PARTENAIRES DES DPI DEPUIS… 1947”

Il y a des dizaines de milliers d’organisations non gouvernementales dans le monde. Toutefois, la plupart d’entre elles ne sont pas affiliées aux Nations Unies. Certaines ont beaucoup d’influence – jouissant de ce que l’on appelle un “statut consultatif” auprès des plus hautes instances des Nations Unies. Il existe une autre catégorie qui, elle, a une moindre influence – elles possèdent ce que l’on appelle un “statut associé” avec le Département de l’Information des Nations Unies. Il n’y a environ que 1 400 ONG qui sont associées au DPI. Mais selon la définition donnée par les Nations Unies elles-mêmes, une ONG associée au DPI est uneorganisation non gouvernementale qui travaille en partenariat avec les Nations Unies. Par exemple, sur le site internet DPI-ONG des Nations Unies, Kofi Annan, l’ancien secrétaire général des Nations Unies, a déclaré au sujet des objectifs d’une ONG : “Si les Nations Unies veulent mener à bien leurs programmes, un partenariat avec la société civile n’est pas une option, mais une nécessité.”

C’est là que les ONG entrent en jeu ; facilitant ce partenariat entre les Nations Unies et la société civile. Sur le site internet des Nations Unies, la section1 consacrée au bureau DPI/ONG explique avec moult détails ce rôle vital joué par les ONG :

“Les ONG sont des partenaires du DPI depuis sa création en 1947. La section ONG du DPI fait partie de la Division des services et produits destinés au public et sert de liaison avec les Nations Unies. Elle propose une gamme étendue de services d’information destinés à la société civile ou à d’autres partenaires comme la communauté scientifique, les enseignants ou le public en général.”

Le Département de l’Information est une division à part entière de l’immense bureaucratie onusienne et supervise la diffusion d’informations pour le compte des Nations Unies. Pour cela, le DPI se fait aider d’une multitude d’associations citoyennes à but non lucratif ayant un intérêt dans le soutien des idéaux et des activités des Nations Unies. Selon le DPI, les compétences au sein des organisations sont mises au service d’un partenariat politique avec les Nations Unies. Comment les ONG et le DPI coopèrent-ils ? Le DPI pose lui-même la question et y répond en ces termes :

“La section DPI/ONG supervise les partenariats avec les ONG associées dans le but de mieux contribuer au travail des Nations Unies. Toute ONG ayant l’objectif et les moyens de conduire des programmes d’information efficaces sur les activités des Nations Unies, destinés à ses membres et au grand public, peut être associée au DPI. Les ONG peuvent diffuser des informations sous forme de lettres d’information, de bulletins et de brochures, de programmes de télévision ou de radio, par l’organisation de conférences, de séminaires et de table rondes.”

Si l’on en croit les propos tenus sur le site même des Nations Unies, toutes les ONG accréditées ont le devoir de coopérer avec le Département de l’Information en utilisant leurs ressources “pour conduire des programmes d’information efficaces destinés à leurs membres et au grand public sur les activités des Nations Unies.” En d’autres mots, si nous appelons un chat, un chat : les ONG ont le devoir de faire de la propagande en faveur des Nations Unies. La lettre que la Watchtower a adressée aux filiales mentionne même certains passages du document de l’ONU cité ci-dessus, lequel donne le détail sur ce que l’on attend d’une ONG. Toutefois, la Watchtower n’a retenu qu’une seule phrase, une note en bas de page disant :

1 Site Internet du DPI/ONG

“Veuillez noter que l’association des ONG avec le DPI n’implique pas leur incorporation dans le système des Nations Unies.”

Bien sûr, il est vrai que les ONG ne sont pas incorporées dans le système gouvernemental des Nations Unies. Les ONG, comme le nom l’indique, sont des organisations non gouvernementales. Si elles étaient “incorporées dans le système des Nations Unies”, elles deviendraient des organisations gouvernementales. En fait, la Watchtower ne cherche qu’à noyer le poisson. Le problème n’est pas de savoir si les ONG reçoivent ou non une accréditation gouvernementale au nom des Nations Unies. Ce qui importe est que toutes les ONG associées au DPI sont de fait en partenariat politique avec les Nations Unies.

Etant donné que la Watchtower a cité des extraits du document même où figurent les critères requis pour que les ONG soient acceptées comme partenaires avec les Nations Unies, il est donc impensable que les responsables de la Watchtower ne sachent pas que le DPI affirme également que toutes les ONG sont en partenariat avec les Nations Unies.

Autre hypothèse, aurait-il été possible que le DPI accorde à la Watchtower le statut d’ONG associée juste pour que celle-ci ait accès à la bibliothèque de l’ONU et qu’il ne lui ait pas aussi demandé de satisfaire à ses obligations contractuelles? Non, c’est impossible. Déjà, comme nous l’avons déjà dit, l’accès à la bibliothèque n’était pas réservé qu’aux ONG. Selon le DPI, la raison pour laquelle les ONG sont invitées à utiliser la bibliothèque et ont accès aux autres départements et aux réunions d’information est pour que ces organisations soient plus efficaces dans la diffusion auprès du public d’informations sur les activités des Nations Unies. C’est aussi ce qui explique pourquoi le DPI examine si attentivement les candidatures que seule une infime partie d’entre elles sont acceptées.

L’hypothèque que les Nations Unies auraient sciemment accordé à la Watchtower une dérogation pour qu’elle n’ait pas à satisfaire aux obligations de leur partenariat n’est qu’une pure fiction. Voici à ce sujet un extrait d’une déclaration de Paul Hoeffel, chef du DPI, figurant sur le site internet Insight on the News, lequel nous éclaire sur les processus d’évaluation et d’examen :

“Le statut DPI est sous l’égide du Département de l’Information des Nations Unies (UNDPI), lequel est en charge de la gestion des archives onusiennes ainsi que de ses équipements de recherche. Pour l’obtenir, selon Paul Hoeffel, chef de la section DPI/ONG des Nations Unies, une organisation doit avoir plus de trois ans d’existence et s’être montrée coopérative dans son travail avec les Nations Unies. Un état financier annuel audité doit être remis à l’UNDPI pour vérification, et les idéaux et la philosophie de l’organisation ne doivent pas entrer en conflit avec les politiques et les missions diverses et variées que les Nations Unies dirigent. “Nous n’acceptons pas n’importe qui,” déclara Hoeffel. Les avantages de ce statut, dit-il, font que les ONG ont un accès illimité aux différentes installations de l’ONU ainsi qu’à toutes les conférences et qu’elles peuvent utiliser la bibliothèque des Nations Unies pour obtenir toutes les informations qui pourraient leur être utiles. Chaque année, dit-il, environ 250 organisations postulent pour obtenir ce précieux sésame, et seulement 40 à 50 d’entre elles sont acceptées. A ce jour, 1 400 ONG sont associées au DPI.”

 Non seulement l’organisation passe minutieusement en revue toutes les ONG candidates, mais elle a mis en place une procédure d’accréditation annuelle. Le DPI se réserve le droit de se dissocier des ONG ne satisfaisant plus aux critères requis. Ci-dessous est un extrait1 d’une déclaration d’un fonctionnaire de l’ONU disant que les ONG subissent un “examen rigoureux” et que celles qui ne satisfont plus aux critères sont écartées.

“Raymond Sommereyns, président du Comité du DPI associé aux ONG et directeur de la Division des services et produits destinés au public du DPI, a déclaré que les réunions semestrielles accueillent régulièrement de nouveaux groupes d’ONG hautement qualifiées dans le but de travailler de concert avec les Nations Unies. “Dans le même temps”, dit-il, “nous procédons à des inspections rigoureuses des ONG qui ne rempliraient plus les critères d’association avec le DPI”. Une liste des ONG écartées sera disponible en février 2003.”

Si la Watchtower n’avait pas rempli les obligations contractuelles, il est fort probable qu’elle aurait été écartée elle aussi par le DPI. Pourtant, la Watchtower a servi comme ONG de 1992 à 2001 et ne fut écartée qu’à sa demande, et non parce qu’elle aurait manqué à ses devoirs.

LE BETHEL “CONSENTIT A REMPLIR LES CRITERES D’ASSOCIATION”

Selon Paul Hoeffel, la Watchtower reçut le statut d’associée au DPI parce qu’elle avait accepté de satisfaire aux exigences requises pour les ONG. Voici un extrait de la réponse officielle donnée par les Nations Unies aux nombreuses demandes d’explication qui leur étaient parvenues. Cette réponse avait été publiée à l’attention expresse des Témoins de Jéhovah sur le site officiel du Département de l’Information des Nations Unies2 :

1 Service d’Information des Nations Unies

2 Réponse des Nations Unies aux questions sur la Watchtower (tout en bas, sous la rubrique “document relatifs aux ONG”)

“Récemment, la section ONG a reçu de nombreuses demandes d’explication au sujet des liens entre la Watchtower and Bible and Tract Society of New York et le Département de l’Information (DPI). Cette organisation a postulé en 1991 dans le but d’être associée et ce statut lui fut accordé en 1992. En acceptant d’être associée au DPI, l’organisation consentit à remplir les critères d’association, ce qui comprend le soutien et le respect des principes figurant dans la Charte des Nations Unies ainsi que le fait d’avoir l’objectif et les moyens de conduire des programmes d’information efficaces destinés à leurs membres ainsi qu’au grand public concernant les activités des Nations Unies.”

Contrairement aux dires de la Watchtower, les procédures de candidature imposées aux ONG requièrent bien plus qu’une simple signature sur un formulaire. Dans le cas où une organisation remplit les conditions – ayant les moyens de se faire entendre d’un large public ainsi que l’objectif de prendre fait et cause pour les idéaux politiques des Nations Unies – toute ONG potentielle se doit de suivre la procédure suivante, telle qu’elle figure sur le site internet du DPI/ONG :

Fournir les documents suivants :

  • Un formulaire de candidature pour les ONG.
  • Une copie des statuts et / ou règlements de l’organisation;
  • Une preuve officielle du statut non lucratif et de l’exemption d’impôt, fournie par les pouvoirs publics (Note : le document doit être daté et sur papier à entête officielle);
  • Un état financier annuel audité, établi en dollars américains par un comptable qualifié et indépendant;
  • Les preuves d’un programme d’information actif et pertinent pour les Nations Unies :
    • Au moins six échantillons différents de produits d’information parmi les plus récents, tels que bulletins, périodiques, enregistrements de programmes radiophoniques ou télévisés, rapports de conférences. Les contenus électroniques comme les sites web ou les périodiques, doivent être envoyés en format imprimé.
    • Deux lettres de recommandation d’organisations (ONU ou autre).
    • Références (voir question 21 sur le formulaire de candidature).

A la lumière de tout ce que nous venons d’expliquer, les preuves sont incontestables que la Watchtower dut faire la preuve des moyens à sa disposition ainsi que de sa volonté de conduire une campagne d’information en faveur des Nations Unies. La seule conclusion logique est donc que les explications de la Watchtower sur l’affaire des ONG ne sont qu’un tissu de mensonges.

“L’ONU EST EN REALITE UNE CONTREFACON BLASPHEMATOIRE”

Il est indéniable que la Watchtower fut obligée de suivre les mêmes procédures que toutes les autres ONG. Dans ce cas, le Béthel a dû devoir “faire la preuve d’un programme d’information actif et pertinent en faveur des Nations Unies.” Pour que chaque candidature soit complète, toute future ONG doit fournir “au moins six échantillons différents de produits d’information parmi les plus récents.” Ceci signifie forcément que la Watchtower a dû leur présenter des exemplaires des magazines La Tour de Garde et Réveillez-vous! Mais c’est là où la relation entre la Watchtower et les Nations Unies commence vraiment à se révéler être un cas d’étranges compagnons de lit. Par exemple, les extraits suivants sont des commentaires sur les Nations Unies qui furent publiés dans différentes publications de la Watchtower ces dernières décennies :

“En effet, c’est lui qui anéantira les Nations unies, quel que soit le nombre d’anges qu’il devra rassembler pour en venir à bout.” – w85 01/02

“En 1945, l’Organisation des Nations unies a fait son apparition, avec les louanges du clergé de la chrétienté, qui saluait en elle l’unique espoir de paix du genre humain… Aujourd’hui, peu de gens croient encore que l’ONU ait le pouvoir de prévenir les guerres. Du reste, son existence ne semble pas dissiper beaucoup la crainte d’un troisième conflit mondial et de la conflagration nucléaire qui pourrait en résulter.” – w85 15/02

“À l’origine, ce fut la Société des Nations. À présent, ce sont les Nations unies. En réalité, il s’agit d’une conspiration ourdie contre le Royaume de Dieu. Son objectif est de réaliser ce que seul le Royaume de Dieu peut accomplir, savoir l’établissement d’une paix permanente… Que présage ce langage imagé? Il laisse entendre que les éléments politiques représentés aux Nations unies se tourneront contre l’empire mondial de la fausse religion pour le détruire. Mais cela signifie aussi que ces éléments politiques se tourneront finalement contre les véritables représentants du Royaume de Dieu et de son Christ, c’est-à-dire contre les Témoins de Jéhovah. Quel sera l’issue de ces événements?” – g85 08/07

“Succédant à la Société des Nations, l’Organisation des Nations unies est venue à l’existence le 24 octobre 1945. Par la suite, les papes de Rome l’ont acclamée, la qualifiant d’“ultime espoir de concorde et de paix” et de “tribune suprême de la paix et de la justice”. Oui, la Société des Nations, puis l’Organisation des Nations unies qui lui a succédé, sont véritablement devenues une idole, une “chose immonde” du point de vue de Dieu et de ses serviteurs.” – w96 01/06

“Dans l’accomplissement principal du signe, la chose immonde est la Société des Nations puis l’organisation qui lui a succédé, les Nations unies. La chrétienté considère que cette organisation mondiale pour la paix représente le Royaume de Dieu. Quelle affirmation immonde! En temps voulu, les puissances politiques associées à l’ONU s’en prendront donc à la chrétienté (la Jérusalem antitypique) et la détruiront.” – w90 15/03

“Au début, on fondait de grands espoirs sur l’ONU,… Les habitants de la terre ont admiré ce nouveau colosse qui opère depuis son siège imposant, sur les bords de l’East River, à New York. Cependant, la paix et la sécurité véritables sont hors de portée de l’ONU… L’ONU n’a pas de solutions à proposer. En effet, ce n’est pas Celui qui donne la vie à tous les humains qui l’a fait venir à l’existence. Son existence sera de courte durée, car, selon le décret de Dieu, “elle va s’en aller à la destruction”. Les noms des fondateurs et des admirateurs de l’ONU n’ont pas été écrits dans le rouleau de vie de Dieu… L’ONU est en réalité une contrefaçon blasphématoire du Royaume messianique de Dieu confié à son Prince de paix, Jésus Christ.” – Livre Révélation, p.248

UN-Doc_2009Ce n’est un secret pour personne que selon l’interprétation des prophéties bibliques qu’en donne la Watchtower, les Nations Unies sont la bête écarlate de la Révélation et la “chose immonde” aux yeux de Dieu. Les Témoins de Jéhovah ont distribué à travers le monde des millions d’exemplaires des publications de la Watchtower dans lesquelles on pouvait lire que les Nations Unies sont une contrefaçon du royaume de Dieu et qu’à terme, les Nations Unies prendraient la tête d’une coalition résolue à détruire toutes les religions organisées qui se trouvent sur la terre, avant d’être détruite à son tour par le royaume de Dieu naissant.

Vraiment non, les Témoins de Jéhovah ne soutiennent pas les idéaux des Nations Unies. Bien entendu, la Watchtower s’est bien gardée de montrer les articles cités ci-dessus comme preuve des idéaux qu’elle partage avec les Nations Unies. Pourtant, bizarrement, le DPI n’était même pas au courant de l’opinion de la Watchtower sur les Nations Unies, ou peut être l’était-il ? Cela reste à voir ! En attendant, ce qui est sûr, c’est que pour que son statut d’ONG soit accepté, la Watchtower a dû adopter une position moins tranchée envers les Nations Unies et écrire au moins quelques articles positifs à leur sujet afin de pouvoir les remettre au DPI comme preuve de leur engagement en faveur des idéaux de l’ONU.

Puisqu’il est manifestement demandé aux ONG de remettre régulièrement des copies de leurs travaux au DPI comme preuve de leur engagement indéfectible envers l’ONU – si ce n’est pas tous les ans, c’est au moins tous les 4 ans – ce fut un véritable tour de force de la part des rédacteurs de la Watchtower de ne pas avoir éveillé de soupçons chez les Témoins de Jéhovah, lesquels furent dupés et utilisés comme de la piétaille pour distribuer des publications qui faisaient subrepticement l’apologie de l’ONU, déclarant d’un côté qu’elle est une organisation méritoire et la condamnant de l’autre comme une imposture satanique.

“QUE SE PASSE-T-IL AUX NATIONS UNIES”

Il semble que la Watchtower ait commencé à relâcher la pression sur les Nations Unies vers 1985. C’est l’époque où elle avait commencé à décrier “l’Année internationale de la paix” que les Nations Unies voulaient célébrer en 1986. Les Témoins de Jéhovah redoublèrent d’intérêt pour cette Année internationale de la paix car nous pensions alors qu’elle allait mener à l’accomplissement des prophéties bibliques. Ainsi, à l’époque, personne n’avait trouvé à redire que la Watchtower louât les nobles efforts (mais combien futiles) des Nations Unies pour instaurer la paix. Bien entendu, l’Année internationale de la paix s’acheva sans que rien d’exceptionnel ne se passe.

Cependant, en 1991, la même année que lorsque la Watchtower postula pour la première fois pour devenir ONG associée, la revue Réveillez-vous! publia des passages équivoques qui auraient pu donner l’impression à des lecteurs non avertis que les Témoins de Jéhovah adhéraient aux objectifs politiques des Nations Unies. L’article du Réveillez-vous! du 8 septembre 1991 était intitulé : “Que se passe-t-il aux Nations Unies?” La première phrase disait :

“IL SE passe quelque chose aux Nations unies. Des changements saisissants s’y produisent qui concernent votre avenir. Les dirigeants du monde se montrent extrêmement optimistes.”

A quels “changements saisissants” le Réveillez-vous! faisait-il allusion ? L’article poursuivait en montrant comment les nations avaient commencé à mettre en avant les Nations Unies après la fin de la Guerre Froide, se laissant emporter par un élan d’optimisme sur les capacités de celles-ci à être à la hauteur des idéaux qui sont les leurs. Le Réveillez-vous! semblait se ranger à l’hypothèse que la raison pour laquelle les Nations Unies avaient échoué dans leurs efforts pour apporter la paix dans le monde était parce que certaines nations n’avaient pas pleinement coopéré avec elles. Le Réveillez-vous! semblait aussi faire écho aux appels de l’ONU pour que davantage de pouvoir lui soit conféré de manière à la rendre capable d’imposer ses résolutions.

Toutefois, quelque chose brillait par son absence dans ces trois passages mentionnés ci-dessus et c’est notamment les références aux Nations Unies comme étant la bête sauvage écarlate symbolique de la Révélation ou la “chose immonde qui cause la désolation.” Etaient absentes également toutes mentions des Nations Unies comme idole moderne ou contrefaçon du royaume du Christ. En fait, il n’y avait pas un seul mot sur la façon dont le royaume de Dieu va remplacer tous les royaumes sur terre existants. Au lieu de cela, louant leurs “nobles objectifs” et leurs efforts sincères, le Réveillez-vous! évoquait avec espoir la possibilité que des Nations Unies remaniées puissent vraiment réussir un jour à apporter un semblant de paix à un monde las de tant de guerre.

Sans conteste, le Réveillez-vous! du 8 septembre 1991 constitua un véritable tournant dans la teneur des propos de la Watchtower sur les Nations Unies. Le dernier paragraphe de la page 10 incarne ce double langage empreint d’ambiguïté, lequel fut forcément formulé de manière très savante dans le but de donner l’impression aux lecteurs non avertis que les Témoins de Jéhovah croient, à l’instar des fervents soutiens de l’ONU que sont les fidèles de Bahia1, que celle-ci est un instrument choisi par Dieu pour instaurer la paix. Veuillez bien prendre note dans les lignes qui vont suivre de la façon avec laquelle un lecteur lambda pourrait facilement conclure que les Nations Unies ont bien une chance de réaliser des objectifs politiques différents de ceux auxquels les Témoins de Jéhovah s’attendent.

“Les Témoins de Jéhovah sont fermement convaincus que dans un très proche avenir les Nations unies vont jouer un rôle de première importance dans les événements mondiaux. L’évolution de la situation sera certainement des plus passionnantes. Du reste, ses conséquences auront un impact profond sur votre vie. Si vous désirez en savoir plus, nous vous invitons à prendre contact avec les Témoins de Jéhovah qui habitent près de chez vous. Le tableau brossé par la Bible est clair: incessamment, les Nations unies vont recevoir puissance et autorité; elles prendront alors des mesures stupéfiantes qui risquent fort de vous déconcerter. Mais vous serez sûrement heureux d’apprendre que la paix et la sécurité sans fin seront établies sous peu grâce à une voie bien meilleure.”

Si un lecteur s’amusait à vraiment suivre la suggestion du Réveillez-vous! et à demander à un Témoin de Jéhovah du voisinage “à en savoir un petit peu plus sur ce sujet”, peut-être découvrirait-il que les changements tant attendus par les Témoins de Jéhovah ont en fait trait au rôle que joueront les Nations Unies comme huitième roi, lequel est annoncé dans les prophéties consignées dans les chapitres 17 et 18 du livre de la Révélation. Dans le passé, la Watchtower avait rempli des bibliothèques entières sur la manière dont les Nations Unies obtiendraient un blanc-seing de la part des nations pour se métamorphoser en un tyran doté de forces militaires monstrueuses grâce auxquelles il déclencherait un épouvantable holocauste qui détruirait toutes les religions de la terre, et la chrétienté avec.

Voilà les “changements saisissants” que les Témoins de Jéhovah attendent pour très bientôt ! Mais alors, qu’est-ce qui a empêché les rédacteurs de Réveillez-vous! d’en faire mention ?

Les omissions de l’article de Réveillez-vous! n’ont de sens que si l’on sait que les ONG doivent fournir des preuves de leurs engagements en faveur des idéaux des Nations Unies. Sachant cela, nous comprenons maintenant pourquoi le dernier paragraphe de ce numéro fut formulé ainsi, de manière à ce que les Témoins de Jéhovah le comprennent d’une certaine façon tout en laissant des lecteurs non avertis (comme les relecteurs du DPI) comprendre un tout autre discours.

A la lumière de ces tours de passe-passe honteux de la Watchtower, au lieu de se demander “Que se passe-t-il aux Nations Unies ?”, les Témoins de Jéhovah perspicaces devraient plutôt se poser cette autre question pertinente – Mais que se passe-t-il au Béthel ?

1 Bahia et les Nations Unies

“CINQUANTE ANS DE VAINS EFFORTS.”

Après avoir reçu le statut d’ONG associée en 1992, l’équipe de rédacteurs des revues La Tour de Garde etRéveillez-vous! écrivit semble-t-il un certain nombre d’articles qui furent spécialement destinés à démontrer au DPI que les Témoins de Jéhovah partagent les mêmes idéaux politiques que les Nations Unies.

Comme exemple de la manière avec laquelle la Watchtower remplit ses obligations envers le DPI, lors du 50èmeanniversaire de la création des Nations Unies en 1995, le numéro du 1er octobre de La Tour de Garde contenait un article intitulé : “Cinquante ans de vains efforts.” L’extrait qui suit est un exemple de la manière dont la revue La Tour de Garde a chanté les louanges de la “chose immonde.”

“Depuis 50 ans, l’Organisation des Nations unies fait des efforts remarqués dans le but d’apporter la paix et la sécurité mondiales. Il n’est pas impossible qu’elle ait empêché une troisième guerre mondiale et une nouvelle destruction massive de vies humaines par les bombes nucléaires. L’ONU a fait acheminer de la nourriture et des médicaments à des millions d’enfants. Elle a permis d’améliorer les conditions sanitaires dans de nombreux pays, entre autres en assurant un meilleur approvisionnement en eau potable et des campagnes d’immunisation contre certaines maladies graves. Des millions de réfugiés ont bénéficié d’une aide humanitaire.”

Pour une institution qui se veut politiquement neutre, il semble que la Watchtower ait eu quelques soucis à le rester dans cet hommage aux Nations Unies. Réfléchissez : depuis qu’elle existe, quand la Watchtower a-t-elle jamais célébré l’anniversaire de la création d’une nation en particulier ? A ce moment-là, pourquoi ne pas fêter la naissance des Etats-Unis tous les 4 juillet ?

Et pourquoi ne citer que l’aide humanitaire acheminée par les Nations Unies, comme si elles étaient les seules à le faire ? Comme preuve de leur partialité, selon le Global Policy Forum, les dépenses des Nations Unies en 1995 s’élevèrent à plus de 13 milliards de dollars. Sur cette somme, environ 7 milliards de dollars furent consacrés à des “dépenses volontaires”, ce qui veut sûrement dire qu’ils le furent à des fins humanitaires. Toutefois, en 1995, le gouvernement japonais, à lui seul, a investi plus de 14 milliards de dollars2 dans des causes de développement outre-mer – plus du double des dépenses onusiennes – et pourtant, la Watchtower encense les généreux efforts humanitaires de l’ONU, omettant d’y adjoindre les actions caritatives individuelles d’autres nations ou organisations.

La Peace Corps, par exemple, est certainement un exemple remarquable d’organisation humanitaire digne de louange. Elle a formé et envoyé des milliers de volontaires3 à partir des Etats-Unis dans le but d’aider les pays du Tiers Monde à se développer. Alors, pourquoi la Watchtower n’a-t-elle pas, ne serait-ce qu’une seule fois, fait mention des contributions dignes d’éloge que la Peace Corps américaine a faite, éloges qu’elle mérite pour avoir fait de ce monde un monde meilleur? Il y a des milliers de références dans les revues La Tour de Garde etRéveillez-vous! informant le public sur les programmes des Nations Unies et pas une seule éloge n’est adressée aux Peace Corps. Pourquoi ? Comment la Watchtower peut-elle se déclarer politiquement neutre alors qu’elle s’est très longuement attardée sur les vertus des Nations Unies, louant les efforts et les réalisations de ses myriades d’agences et de programmes, tout en omettant les autres organisations qui font exactement la même chose ?

Mais en fait, les choses sont encore pires que ce que l’on croit. Alors que d’un côté, elle donne l’impression de critiquer les Nations Unies pour avoir échoué dans leurs efforts à unir le monde dans la paix, la Watchtower s’est en réalité faite l’écho des “critiques” des plus ardents défenseurs des Nations Unies ! Comment ?

1101260920_400Les fondateurs des Nations Unies avaient initialement pour but qu’elles remplacent le système d’Etat-nation par un gouvernement mondial, socialiste et non-démocratique. Par exemple, l’auteur britannique H.G. Wells, écrivit un livre en 1932 intitulé La conspiration au grand jour4, dans lequel il appelait de ses vœux l’abolition des religions traditionnelles, ainsi que celle des Etats-nations. Voici un extrait de son livre :

2 Rapport de l’Institut Economique du Japon

3 173 000 pour être exact

4 La conspiration au grand jour – H.G. Wells

“Le fond de l’organisation des états contemporains est encore nettement militaire ; c’est exactement ce que ne peut pas être une organisation du monde. Les drapeaux, les uniformes, les hymnes nationaux, la culture assidue du patriotisme à l’église et à l’école, le train hâbleur, bruyant, et menaçant que mènent nos souverainetés rivales appartiennent à cette phase du développement humain que nous voulons laisser de côté.”

Ces dernières années, se basant sur les grandes lignes données par La conspiration au grand jour pour l’établissement d’un gouvernement mondial, les propagandistes de la mondialisation ont attaqué sans répit le nationalisme, le qualifiant de fléau de l’humanité, ce que Wells appelait les “souverainetés rivales.” Pour cela, la Watchtower s’est servie de sa propre crédibilité pour la cause des mondialistes en justifiant bibliquement cet appel à l’abolition des religions et du système état-nation ainsi qu’à la création d’un nouvel ordre mondial. Pour sûr, les similitudes entre le “message du royaume” de la Watchtower et la propagande mondialiste en a rendu la contrefaçon plus aisée1. C’est ce qui explique pourquoi nous pouvons entrevoir quelques allusions furtives à la propagande de Wells dans ce même numéro de La Tour de Garde consacré à la commémoration du cinquantième anniversaire des Nations Unies. En voici un extrait :

“Aussi puissante que puisse sembler l’ONU, ses efforts sont souvent à la merci des hommes politiques et des médias. Privée du soutien de ses membres, elle est impuissante. Or, sans l’aval de leur opinion publique, de nombreux États membres ne lui accordent pas ce soutien.

Ainsi donc, il semblerait que la Watchtower se rallie aux arguments désignant le populisme et l’entêtement nationaliste comme les causes réelles des échecs successifs de l’ONU à créer une utopie. La Watchtower semble aussi reconnaître que les Nations Unies sont impuissantes sans le soutien de l’opinion publique. Et à l’insu de ses lecteurs, la Watchtower fait exactement ce que le DPI attend de ses ONG associées.

L’article accuse la fausse religion de fomenter des guerres et la désunion, tout en déclarant que les prophéties bibliques prédisent la destruction de la religion babylonienne aux mains d’un huitième roi semblable à une bête, mais il ne fait pas le lien direct entre les prophéties et l’ONU, alors que la Watchtower ne s’en serait pas privée avant de devenir ONG associée.

1La signification prophétique à ce sujet sera traitée dans les chapitres suivants.

Ce qui est le plus parlant est que La Tour de Garde de 1995 se démarque subtilement d’une interprétation antérieure affirmant que la bête sauvage écarlate symbolise les Nations Unies ; au lieu de cela, la bête ne symbolise maintenant que certains “gouvernements” qui se retourneront contre la religion. Voici un exemple de la manière dont la Watchtower a dénaturé ses propres interprétations prophétiques – visiblement pour s’attirer les faveurs des Nations Unies – que nous lirons en page 6 :

“Ces derniers sont dépeints sous les traits d’“une bête sauvage de couleur écarlate” que la prostituée chevauche sans peine. Le nom de cette femme puissante et immorale, “Babylone la Grande”, renvoie à la Babylone antique, berceau de la religion idolâtre. La prostituée représente à juste titre toutes les religions du monde, qui se sont immiscées dans les affaires des gouvernements.”

Mais, le plus déroutant dans cette affaire est que dans un encadré se trouvant dans ce même exemplaire de La Tour de Garde, la Watchtower admet que par le passé, elle avait désigné les Nations Unies comme la bête écarlate ; mais le but de cette information complémentaire n’a rien à voir avec le rappel des prophéties bibliques. Au lieu de cela, cet encadré est une tentative éhontée de justifier bibliquement sa flagornerie à l’égard des Nations Unies en faisant un petit aparté pour rappeler aux Témoins de Jéhovah que les chrétiens ont le devoir de respecter les gouvernements, “les autorités supérieures” – et particulièrement les Nations Unies !

C’est comme si le Collège Central usait de son autorité ecclésiastique sur les Témoins de Jéhovah pour dissiper toute forme de suspicion qui aurait pu apparaître sur le bien-fondé des relations dorénavant plus amicales entre la Watchtower et les Nations Unies. Sous le sous-titre “Le point de vue chrétien sur les Nations Unies,” les Témoins de Jéhovah étaient informés que :

“Dans les prophéties bibliques, les gouvernements humains sont souvent symbolisés par des bêtes sauvages. C’est pourquoi La Tour de Garde, depuis des dizaines d’années, identifie les bêtes sauvages de Révélation chapitres 13 et 17 aux gouvernements mondiaux actuels. Cela comprend les Nations unies, décrites dans Révélation chapitre 17 sous les traits d’une bête de couleur écarlate à sept têtes et dix cornes. Toutefois, cela ne veut pas dire que les Écritures encouragent l’irrespect envers les gouvernements et leurs représentants… Les Témoins de Jéhovah considèrent les Nations unies du même œil que les autres systèmes gouvernementaux du monde. Ils reconnaissent qu’elles continuent d’exister avec la permission de Dieu. En harmonie avec ce que dit la Bible, les Témoins de Jéhovah accordent à tous les gouvernements le respect qui leur est dû, et leur obéissent tant que cette soumission ne les amène pas à pécher contre Dieu.”

Mais en faisant cet effort délibéré pour saluer les succès des Nations Unies et pour faire mieux connaître leur multitude de programmes et d’agences, la Watchtower est allée bien au-delà de simplement reconnaître l’autorité des Nations Unies et de leur accorder le respect qui leur est dû. Etre soumis aux “autorités supérieures” gouvernementales ne veut pas dire que les chrétiens doivent aller jusqu’à faire de la propagande en leur faveur.

“L’ANNEE INTERNATIONALE DE…”

D’autres exemples prouvent que la Watchtower a coopéré avec diligence avec le DPI. Par exemple, le Béthel s’est montré particulièrement zélé à se faire le relais des déclarations de l’ONU au sujet des années internationales. Ainsi, dans sa volonté de remplir ses obligations d’information auprès du public sur de nombreuses questions relatives aux Nations Unies, le Réveillez-vous! du 22 juillet 1999 contenait une série d’articles sur la vieillesse. Or il se trouve que 1999 avait également été déclarée “Année internationale des personnes âgées” par les Nations Unies. Sans surprise donc, le Réveillez-vous! publiait la déclaration suivante :

Je viens de passer le cap des 60 ans,… rappelait récemment monsieur Kofi Annan, secrétaire général des Nations unies, en inaugurant l’Année internationale des personnes âgées, et j’entre désormais dans le cadre des statistiques que je citais précédemment.… Afin d’aider les décisionnaires à bien négocier les défis posés par cette ‘révolution démographique’ et à mieux comprendre les atouts que représentent les “cheveux blancs”, l’Assemblée générale a décidé en 1992 de faire de 1999 l’Année internationale des personnes âgées.”

Comme par hasard, la revue La Tour de Garde abordant les problèmes touchant les familles attira également l’attention sur le fait que l’année 1994 venait juste d’être déclarée “Année internationale de la Famille” par les Nations Unies :

“LA FAMILLE. Les Nations unies ont cherché à attirer l’attention de tous sur cette institution en proclamant 1994 “année internationale de la famille”. Dirigeants politiques, sociologues et travailleurs sociaux s’empressent de dénoncer la multiplication des naissances illégitimes et la montée en flèche du nombre de divorces, mais sont lents à offrir des solutions pratiques et réalistes.” – w95 15/09

L’année 1995 fut déclarée “Année de la tolérance” par les Nations Unies, ce dont La Tour de Garde du 1eroctobre ne manqua pas d’informer son lectorat :

“En harmonie avec cette déclaration, l’ONU a proclamé 1995 “année de la tolérance”. Mais en réalité, sera-t-il un jour possible d’établir la paix et la sécurité dans ce monde divisé par la religion ?”

Les Nations Unies déclarèrent l’année 1998 “Année internationale des océans,” ce à quoi Réveillez-vous!consacra deux numéros cette année-là. Le numéro de Réveillez-vous! du 8 juin 1998 informa également ses lecteurs que les Nations Unies avaient déclaré les années 1997 à 2006 “Décennie pour l’élimination de la pauvreté.”

La Tour de Garde du 1er janvier 2001 annonçait plutôt tardivement que l’an 2000 avait été déclaré “Année internationale de la culture de la paix.” L’année 2001 fut déclarée par les Nations Unies comme “l’Année internationale des volontaires.” Ainsi, juste quelques mois avant que la Watchtower ne fût prise en flagrant délit et donc obligée de mettre précipitamment fin à son affiliation comme ONG, le Réveillez-vous! du 22 juillet était consacré au bénévolat. Bien qu’évidemment l’article ne manquait pas de saluer le bénévolat des Témoins de Jéhovah à travers le monde, le Réveillez-vous! faisait également une courte allusion à “l’Année internationale des volontaires” :

“L’ONU espère qu’il résultera de l’AIV 2001 plus d’appels aux services des volontaires, plus de vocations pour le bénévolat et davantage de fonds et d’équipements pour permettre aux associations de volontaires de circonscrire les besoins croissants de la société. En tout, 123 gouvernements ont décidé de soutenir les objectifs de cette résolution.”

Mais la Watchtower n’a pas seulement célébré et plébiscité les campagnes “Années internationales” menées par l’ONU au fur et à mesure qu’elles étaient annoncées, telles que l’année internationale des volontaires ; elle a aussi informé ses lecteurs sur les précédentes initiatives de l’ONU. Par exemple, les Nations Unies déclarèrent que 1979 avait été “l’Année internationale de l’enfant.” Il est également plus que probable que le numéro deRéveillez-vous! daté du 8 décembre 2000 fut aussi envoyé par le Béthel aux relecteurs du DPI comme preuve de leur soutien indéfectible aux programmes mondialistes des Nations Unies. Ce Réveillez-vous!, en particulier, portait aux nues l’UNICEF et attirait l’attention du public sur “l’Année internationale de l’enfant.” L’article intitulé “Toujours à la recherche de solutions” commençait par un plébiscite enthousiaste de l’UNICEF :

“DEPUIS qu’elle existe, l’Organisation des Nations unies se préoccupe des enfants et de leurs problèmes. Fin 1946, elle a fondé l’UNICEF (United Nations International Children’s Emergency Fund ; en français FISE, Fonds international de secours à l’enfance), mesure temporaire d’aide aux enfants dans les régions dévastées par la guerre…

…Les besoins des enfants font l’objet d’une attention accrue depuis 1959, date à laquelle les Nations unies ont adopté une Déclaration des droits de l’enfant… C’est pourquoi, consciente que les problèmes des enfants appelaient encore des solutions et en accord avec ses objectifs déclarés, l’ONU a proclamé 1979 Année internationale de l’enfant. Des organismes gouvernementaux, civiques, religieux ou caritatifs du monde entier se sont aussitôt mobilisés dans la recherche de solutions.”

D’autres, cependant, ne partagent pas le point de vue de Réveillez-vous! sur les préoccupations des Nations Unies au sujet des enfants et ce pour une bonne raison. Par exemple, un ancien fonctionnaire onusien, Denis Halliday,1 compara les sanctions de l’ONU à l’encontre du régime irakien à une forme de génocide qui causa probablement la mort d’un million d’irakiens – dont la plupart furent des bébés ou des enfants. Contrairement aux déclarations dithyrambiques du Réveillez-vous! sur son partenaire onusien, il semble que l’UNICEF n’était pas si préoccupé que ça par la détresse des enfants irakiens affamés.

Bien sûr, le commentaire s’achevait par les traditionnelles allusions au royaume de Dieu comme étant la réponse appropriée ; mais ce n’est que de manière anecdotique que cette solution fut abordée si on le compare au thème principal que sont les Nations Unies et leur quête incessante d’une solution aux problèmes des enfants. Non content de cela, l’article dénaturait le caractère unique de la Bonne Nouvelle en encensant de manière éhontée les Nations Unies pour leur partage des mêmes idéaux élevés que le royaume de Dieu. Dans sa conclusion, le Réveillez-vous! ne boudait pas son plaisir en disant :

“En effet, sous le Royaume de Dieu, les humains seront rendus capables d’élever des enfants dans un équilibre parfait. Les enfants seront éduqués dans un esprit de paix et de fraternité universelle, l’idéal visé par la Déclaration des droits de l’enfant imaginée par l’ONU. Jamais plus il n’y aura besoin d’une Année internationale de l’enfant ni d’une Convention sur les droits de l’enfant.”

Peut être que la propagande la plus révélatrice de la Watchtower en faveur des Nations Unies se trouve dans le numéro du Réveillez-vous! du 22 novembre 1998 ! Il est manifeste que la Watchtower ne rechigna pas à commémorer le cinquantième anniversaire de la signature de la Déclaration universelle des droits de l’homme en écrivant un article de 10 pages à ce sujet.

1 Cornell Chronicle

Alors que le Témoin de Jéhovah lambda n’attachait aucune importance à cette célébration, le Haut-Commissariat des Nations Unies (OHCHR) y était très attentif – et la Watchtower aussi. Le site internet de l’OHCHR fit mention du 50ème anniversaire en publiant une liste des “Plus de cinquante idées pour commémorer la Déclaration universelle des droits de l’homme.”1 Le site internet offrait des suggestions aux gouvernements, aux écoles, aux groupes de jeunes et oui… aux ONG. Voici trois suggestions qui étaient destinées aux ONG :

– Redéfinir la vie et le travail quotidiens à l’aune des droits de l’homme.

– Eduquer ses membres et la communauté sur la manière dont les activités de l’organisation peuvent prendre en compte les droits de l’homme.

– Diffuser des informations et des documents pédagogiques (posters publicitaires, dépliants, calendriers mentionnant les dates d’événements consacrés aux droits de l’homme, des photos de l’ONU) aux antennes régionales.

La Watchtower a suivi au moins deux de ces recommandations pour commémorer la “Déclaration des droits de l’homme.” Des efforts furent entrepris pour diffuser cette information, y compris par la publication de photos des Nations Unies, dans le but d’éduquer à la fois “les membres et la communauté” sur les activités de l’organisation dans le domaine des droits de l’homme.

Le Réveillez-vous! a même repris les principes généraux de la Déclaration des droits de l’homme comme s’il agissait des Dix Commandements. Cela était compréhensible si l’on se rappelle que l’année d’avant, la Watchtower s’était enregistrée au DPI en tant qu’ONG ayant des intérêts vitaux dans le domaine des droits de l’homme.

Comme pour les autres articles compromettants que le Béthel a publiés, ces articles trompeurs et adroitement rédigés de Réveillez-vous! avaient évidemment pour but de rassurer les Témoins de Jéhovah en mentionnant Jéhovah de manière anecdotique, tout en donnant l’impression au lecteur non averti que le royaume du Christ a quelques liens ténus avec les Nations Unies. L’article sur les droits de l’homme s’achevait par une référence stéréotypée à la solution offerte par Dieu :

“Si la Bible explique d’une part que le Créateur est la source des facultés qui sous-tendent les droits de l’homme, elle nous informe d’autre part qu’il est à l’origine d’un gouvernement mondial qui les garantit. Ce gouvernement céleste est invisible mais bien réel. En fait, des millions de personnes, peut-être sans le savoir, prient en faveur de ce gouvernement mondial quand elles prononcent, dans ce qu’on appelle communément le Notre Père, ces paroles : “ Que ton royaume vienne. Que ta volonté se fasse, comme dans le ciel, aussi sur la terre. ””

1 Plus de cinquante idées pour la commémoration de la Déclaration universelle des droits de l’homme.

Le Réveillez-vous! ne dit pas au lecteur que le royaume de Dieu ne fait pas partie du système politique actuel. Il ne fait pas non plus mention du fait que Dieu entend éliminer les violations des droits de l’homme ainsi que la guerre en détruisant toutes les institutions politiques terrestres – les Nations Unies y compris. Au lieu de cela, on laisse le lecteur avec cette vague impression, avec cette notion qui rappelle le New Age, que Dieu est à l’origine des efforts humains destinés à instaurer un gouvernement mondial.

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LES DROITS DE L’HOMME VUS D’EN HAUT 

En une violation patente de la neutralité chrétienne, le Béthel alla même jusqu’à envoyer un de ses émissaires au sein même du siège de l’ONU afin d’obtenir une interview d’une fonctionnaire onusienne qui devait paraître dans le numéro spécial consacré à l’anniversaire. Sachant que les Témoins de Jéhovah ignoraient à l’époque cette affaire concernant les ONG, la Watchtower semble alors avoir rendu publique sa relation spirituelle adultère en mentionnant le fait que cette liaison avait eu lieu au 29e étage du siège des Nations Unies. L’interview du Réveillez-vous!, intitulée “Les droits de l’homme vus d’en haut,” fut préfacée par les propos suivants figurant en page 6 :

“NEW YORK, 29e niveau du bâtiment des Nations unies. En sortant de l’ascenseur, vous apercevez un panonceau bleu qui vous indique le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (OHCHR). Ce bureau de liaison représente le siège du OHCHR, qui se trouve en Suisse, à Genève, centre névralgique des activités de l’ONU en faveur des droits de l’homme. C’est Mary Robinson, Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, qui dirige l’OHCHR à Genève. Le bureau de New York est quant à lui supervisé par Mme Elsa Stamatopoulou. Au début de cette année, Mme Stamatopoulou a bien voulu recevoir un rédacteur de Réveillez-vous! pour dresser une rétrospective de 50 ans de défense des droits de l’homme.”

L’article oublie de mentionner qu’en tant que représentante du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, les raisons pour lesquelles Mme Stamatopoulou avait “bien voulu recevoir un rédacteur deRéveillez-vous!” dans son bureau new-yorkais étaient parce que la Société Watchtower était à l’époque une ONG active dans le domaine des droits de l’homme. Et comme cela a déjà été dit, les ONG sont en partenariat avec l’ONU et celles-ci ont donc un accès moins restreint aux bâtiments des Nations Unies. Si la Société Watchtower n’avait pas été à l’époque accréditée en tant qu’ONG, le rédacteur de Réveillez-vous! n’aurait sûrement jamais eu l’autorisation de monter au 29ème étage de la tour des Nations Unies. (Ceci indique également que le Béthel savait que le statut d’ONG associée lui donnait bien plus qu’un simple accès à la bibliothèque.)

L’interview de Mme Stamatopoulou parle également d’elle-même. Quand on lui demanda comment elle voyait l’avenir, elle déclara :

“L’émergence d’une culture mondiale des droits de l’homme. Ce que je veux dire, c’est qu’au moyen de l’éducation nous devrions sensibiliser davantage les individus aux droits de l’homme. Bien sûr, ce sera une entreprise énorme, parce que cela suppose une évolution des mentalités. C’est pourquoi, il y a dix ans, l’ONU a lancé une campagne mondiale d’information pour faire connaître aux gens leurs droits et aux pays leurs responsabilités. Par ailleurs, l’ONU a décrété les années 1995 à 2004 “ Décennie pour l’éducation dans le domaine des droits de l’homme ”.

one-un-new-yorkMme Stamatopoulou répéta que l’objectif des Nations Unies était “d’éduquer les gens,” et particulièrement sur la question des droits de l’homme. Et bien qu’elle n’ait pas spécifiquement mentionné le rôle vital joué par les ONG à cet égard, ou peut être que si elle l’a fait, Réveillez-vous! a discrètement choisi de ne pas rapporter ses propos, il est plus qu’évident que Réveillez-vous! a rempli ce jour-là son rôle d’ONG relais des Nations Unies en informant et en vulgarisant fièrement auprès de ses lecteurs la question des droits de l’homme.

Cependant, si nous remettons les choses dans leur contexte, au sujet de l’incongruité de l’article célébrant le cinquantième anniversaire de la signature de la Déclaration ainsi que de l’inconvenance de l’interview d’un haut fonctionnaire onusien dans les entrailles mêmes du siège des Nations Unies, nous pouvons juste nous demander pourquoi le Béthel n’a jamais demandé d’interview à disons, un sénateur du congrès américain ou à un député au sujet de l’anniversaire de la signature de la Déclaration d’indépendance des Etats-Unis ; peut être sur les marches du Capitol Hill ou quelque chose comme ça. Ceci, bien sûr, choquerait la sensibilité de beaucoup de Témoins de Jéhovah ; et pourtant, manifestement, la Watchtower n’a pas estimé que la commémoration de cet événement spécial aux Nations Unies était une violation de sa neutralité politique.1

Dans le même esprit que pour la “Décennie pour l’éducation dans le domaine des droits de l’homme”, quelques mois seulement après la commémoration du cinquantième anniversaire de la signature de la Déclaration des droits de l’homme, le Réveillez-vous! du 8 janvier 1999 publiait une autre série d’articles sur les droits de l’homme, faisant l’éloge cette fois-ci des Nations Unies au sujet des droits des Témoins de Jéhovah qu’elles protègent. Encore plus choquant, le passage consacré aux droits de l’homme s’achevait par un blasphème, disant que la règle d’or instituée par Jésus était ce qui avait inspiré “certaines des valeurs” figurant sur la déclaration des Nations Unies en question.

1 Pour ce numéro, celui du 22 novembre 1998, la revue Réveillez-vous! fait toujours partie d’une liste figurant sur le site des Nations Unies consacré aux droits de l’homme comme exemple de coopération d’une organisation.

Il semble que beaucoup d’articles de Réveillez-vous! traitant des problèmes mondiaux en matière de santé, de sciences sociales et d’environnement ne mentionnent les solutions tirées de la Bible que de manière anecdotique, comme s’il s’agissait d’un plan B. Il semble qu’il n’y ait que peu de problèmes sociaux abordés qui n’aient pas donné l’occasion de citer un fonctionnaire onusien.

Mais en dehors des articles thématiques proclamant le message des Nations Unies, lesquels paraissaient régulièrement à la fois dans les revues La Tour de Garde et Réveillez-vous!, la rubrique “Coup d’œil sur le monde” de la revue Réveillez-vous! est truffée de faits et d’autres trivialités issus d’une pléthore d’agences onusiennes. En moyenne, chaque numéro de Réveillez-vous! fait référence au moins une fois aux Nations Unies ou à une de ses agences1. Bien entendu, la plupart de ces références ne portent pas à conséquence mais gardez à l’esprit que la première obligation de la Watchtower envers le DPI était de diffuser des informations sur les Nations Unies – peu en importait la pertinence. Si à l’aide du CD-ROM de la Société, nous faisons une recherche sur le nombre de fois que l’expression “Nations Unies” apparaît dans Réveillez-vous! entre les années 1991-2001, elle est légèrement plus fréquente que l’expression “Royaume de Dieu.” Bien sûr, chaque terme a plusieurs orthographes ou appellations, mais si nous considérons tous les différents acronymes relatifs aux Nations Unies qui apparaissent également dans les publications de la Société Watchtower (ex: UNICEF, WHO), c’est comme si le Royaume de Dieu avait été relégué à la seconde place dans la revue Réveillez-vous!, après les Nations Unies !

“UNE MISSION EN AFRIQUE” 

Les Témoins de Jéhovah ne devraient pas naïvement oublier que la Watchtower a acquis une certaine stature politique auprès des Nations Unies après être devenue ONG associée. Le but avoué était de trouver des moyens d’aider les Témoins de Jéhovah rencontrant des difficultés dans divers pays à travers le monde. Et bien entendu, ce partenariat avec les Nations Unies a été payant, ce dont l’organisation elle-même s’est félicitée à demi-mot si l’on en croit le bref rapport suivant qui figurait dans le Réveillez-vous! du 22 juillet 2001 :

“Un journal de la République démocratique du Congo a fait l’éloge des missions caritatives menées par les Témoins de Jéhovah, les qualifiant de “pratiques plutôt que théoriques”. Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés a exprimé son soutien de la même façon. L’une de ses représentantes en République démocratique du Congo a été tellement ravie de l’ordre avec lequel les Témoins menaient leurs opérations de secours qu’elle a mis son véhicule à la disposition des volontaires.”

1 En fait, certains numéros contiennent plusieurs références à l’ONU et d’autres aucune.

Jusqu’où est allé l’aide des Nations Unies reçue par la Watchtower ? Il est dur de le dire. Toutefois, il s’avère qu’elle a consisté à beaucoup plus qu’un prêt de véhicule, comme cité dans le rapport ci-dessus. En essayant d’en savoir plus sur les relations entre la Watchtower et les Nations Unies, un chercheur a découvert que la Watchtower avait créé presque une douzaine d’ONG subsidiaires dans différentes nations européennes. Par exemple, avant que la Watchtower obtienne son statut d’ONG associée en 1992, une ONG appelée AidAfrique fut créée en France en 1990. Dans quel but ? Le Zambia Daily Mail1 du 17 juin 1999 intitulé : “Des membres d’une ONG française s’envolent pour aider les réfugiés en RDC,” faisait ce commentaire :

“Deux membres d’AidAfrique doivent arriver aujourd’hui pour apporter une aide humanitaire supplémentaire à des milliers de réfugiés ayant fuit les troubles en RDC… Cette aide a été fournie par les congrégations des Témoins de Jéhovah de Belgique, de France et de Suisse. AidAfrique est une organisation humanitaire internationale basée en Europe qui fut créée en 1990 dans le but d’apporter une aide humanitaire à certaines régions d’Afrique en difficulté.

Grâce aux efforts déployés par l’UNHCR en Tanzanie, l’organisation a distribué l’an dernier plus de 20 tonnes de vivres et de médicaments à des réfugiés situés dans la région de Kigoma. En 1997, AidAfrique a dépensé US $820 000 sous forme d’aide humanitaire dans l’ancien Zaïre.”

Les médias de la Zambie révèlent que ce n’est qu’avec la coopération de l’UNHCR que l’ONG AidAfrique a été capable de mener à bien ses programmes humanitaires. Mais si les médias africains font ouvertement état des tentatives de coopération entre AidAfrique et les Nations Unies, pourquoi la Watchtower n’en a-t-elle paségalement parlé ouvertement aux Témoins de Jéhovah ? Si les relations entre la Watchtower et les Nations Unies sont une entente honorable, pourquoi ne pas en parler – comme elle l’a fait au sujet de tant d’autres programmes mis en place par les Nations Unies ? Plus vraisemblablement, la véritable raison de ce mutisme vient de ce que des ONG comme AidAfrique furent en premier lieu créées pour ne pas trop mettre en avant des noms trop connus comme l’est la Watchtower.

1 Zambia Daily Mail

Il est intéressant de noter qu’il y a quelques années de cela, les Témoins de Jéhovah de France avaient publié, de manière totalement indépendante, une brochure intitulée “Une mission en Afrique.” Dans celle-ci, ils expliquaient en détail les activités de l’ONG AidAfrique. Aux pages 9-10, un commentaire particulièrement révélateur était fait :

“Notre action a souvent été entravée par les difficultés propres à la région. Les distances sont grandes, les voies de communication quasi inexistantes. L’avion est le meilleur moyen de se déplacer, sinon le seul. Nous utilisons souvent ceux du H.C.R. (Haut-Commissariat des Nations unies pour les Réfugiés.) Les formalités administratives nous gênent aussi.”

Pour sûr, personne ne remet ici en cause les motivations des Témoins de Jéhovah dans leurs efforts pour donner une aide d’urgence vitale à leurs frères d’Afrique. C’est ce que tout chrétien digne de ce nom aurait fait. Mais la question est : à quel prix ? Fallait-il pactiser avec le Diable pour sauver des vies ? Ce n’est pas ce qu’en avaient pensé les Témoins de Jéhovah du Malawi. A l’époque, ils refusèrent même d’acheter une carte du parti, ne valant que 35 centimes d’euro, quand bien même leur refus leur aurait valu d’être victimes d’un épouvantable pogrom.

L’utilisation fréquente des moyens aériens des Nations Unies est un avantage très onéreux et il ne fait aucun doute que la Watchtower a vu le bénéfice qu’elle pouvait en tirer en devenant une ONG et en créant des ONG subsidiaires comme AidAfrique dans le but de coopérer plus étroitement avec les Nations Unies. Déjà, nous nous rendons de plus en plus compte que les relations entre la Watchtower et les Nations Unies sont plus complexes que ce que le Collège Central des Témoins de Jéhovah a bien voulu admettre jusqu’à présent. Véritablement, la Watchtower est bien plus impliquée politiquement que ce que les Témoins de Jéhovah pensent.

En octobre 2000, le quotidien portugais Publico interviewait le coordinateur de la filiale de la Société Watchtower au Portugal. Tout en niant tout compromis, dans un moment d’inattention, le frère Candeias admit pourtant que la raison pour laquelle la Watchtower avait des relations avec les Nations Unies était par opportunisme politique, dans le but d’acheminer de l’aide humanitaire aux Témoins de Jéhovah. Il dit en substance : “Sans l’appui de l’ONU, il serait impossible d’acheminer l’aide humanitaire.”

Apparemment, le coordinateur de la filiale portugaise fut également le correspondant à qui on confia la mission d’écrire l’article dans le Réveillez-vous! du 22 août 1997 concernant l’OSCE (Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe). La raison pour laquelle c’est le correspondant portugais qui fut choisi pour rédiger cet article est que l’OSCE avait tenu un important sommet politique en décembre 1996 à Lisbonne au Portugal. Bien évidemment, frère Candeias assista à la conférence et c’est pourquoi l’article qu’il a vraisemblablement rédigé se terminait bizarrement sur quelques commentaires au sujet de la météo locale ce jour-là, comme si quelqu’un en avait été le témoin oculaire ; le tout accompagné d’un banal commentaire sur le royaume de Dieu. En voici un extrait :

“Le sommet s’est achevé par un après-midi radieux. Le soleil semblait créer un climat d’optimisme général, malgré des résultats que la presse qualifiait de nébuleux. Que l’OSCE atteigne ou non ses objectifs, tous les amis de la paix peuvent être assurés que la paix et la sécurité véritables seront bientôt une réalité planétaire sous le Royaume de Dieu.”

Alors que l’article du Réveillez-vous! ne faisait qu’effleurer le thème de ce sommet à Lisbonne, il ne disait rien non plus sur les nombreux représentants d’ONG qui y étaient présents. Toutefois, le site internet de l’OSCE en donne un compte rendu détaillé et révèle que quelques ONG ont même participé aux conférences. Plus vraisemblablement, le correspondant portugais ne fut autorisé à assister à cette conférence hautement politique qu’en vertu de son appartenance à une ONG européenne – en l’occurrence “l’Association les Témoins de Jéhovah.” Il n’est donc pas surprenant que le coordinateur ait plus tard avoué les motivations purement politiques cachées derrière le partenariat entre la Watchtower et les Nations Unies, étant donné qu’il avait apparemment été désigné pour observer et rapporter les faits et gestes qui s’étaient produits lors de ce sommet politique composé d’organisations gouvernementales et non gouvernementales.

Assurément, le sommet de l’OSCE à Lisbonne n’a pas été la seule conférence politique à laquelle les Témoins de Jéhovah ont assisté. Par exemple, en octobre 2000, l’organisation1 des droits de l’homme dans les Balkans publia une pétition de l’OSCE où figuraient les signatures de nombreuses ONG (avec sûrement beaucoup des mêmes ONG qui avaient assisté au sommet de Lisbonne quelques années auparavant). L’une d’entre elles était une ONG appelée “Centre administratif pour les Témoins de Jéhovah en Russie.” Mais qu’est-ce que le Centre administratif des Témoins de Jéhovah en Russie ? C’est une autre organisation non gouvernementale créée pour représenter les Témoins de Jéhovah. Ainsi donc, ce n’est pas le même genre d’ONG que celle dont s’est servi la Watchtower pour s’associer avec le DPI car cette dernière était internationale, mais elle existe évidemment pour les mêmes raisons. La pétition de l’OSCE que signèrent les Témoins de Jéhovah en Russie déclarait ceci:

1 Pétition sur les droits de l’homme signée par le Centre administratif pour les Témoins de Jéhovah.

“Nous, soussignés les ONG, avons toutes estimé que les conférences sur la dimension humaine, tenues au fil des années et quelles qu’en soient les formes prises, étaient cruciales pour les gouvernements et les ONG afin de sensibiliser les états participants à la question des droits de l’homme. Par conséquent, nous nous sommes investies dans ces conférences au moyen de rapports et d’interventions et avons encouragé d’autres ONG à faire de même.”

La pétition confirme que l’ONG subsidiaire russe, représentant la Watchtower et les Témoins de Jéhovah, ont pleinement participé au même titre que de nombreuses autres ONG, comme l’Eglise de Scientologie, à la sensibilisation “des états participants à la question des droits de l’homme.” En signant cette pétition, le Centre administratif pour les Témoins de Jéhovah de Russie admettait avoir “encouragé [activement] d’autres ONG” à embrasser la cause des interventions en faveur des droits de l’homme. Et, bien sûr, la preuve est incontestable que la maison mère à Brooklyn s’est servie de ses ressources propres dans le but de “sensibiliser à la question des droits de l’homme.”

Mais, au fait, qu’est-ce que l’OSCE ? Selon Wikipedia, l’encyclopédie participative en ligne, l’OSCE est la plus grande organisation intergouvernementale du monde spécialisée dans la sécurité et son existence légale trouve sa légitimité dans la Charte des Nations Unies. Bien qu’elle n’ait pas de forces armées, l’OSCE peut avoir recours à celles de l’OTAN ou des Nations Unies. Il semble que l’OSCE ne soit qu’une antenne régionale de l’Organisation des Nations Unies.

Ainsi, même si la Watchtower a mis un terme à son association secrète et directe avec les Nations Unies, elle garde des relations très étroites avec l’OSCE, laquelle est une organisation subsidiaire des Nations Unies. En fait, il y a de nombreuses ONG que la Watchtower a créées de manière à représenter les Témoins de Jéhovah sur un plan légal auprès des autorités gouvernementales. Une recherche dans les archives du site internet de l’OSCE révèle que plus de 150 pétitions furent signées par la Watchtower et ses différentes ONG représentant les Témoins de Jéhovah.

Par exemple, en mai 1999, la Commission des Nations Unies sur les droits de l’homme tint sa conférence annuelle à Genève. Parmi les nombreuses organisations gouvernementales et non-gouvernementales présentes se trouvaient trois ONG représentant les Témoins de Jéhovah. Il y avait ‘l’Association les Témoins de Jéhovah” déjà mentionnée, les “Témoins de Jéhovah de Russie” ainsi qu’une troisième ONG qui s’appelle “l’Association Européenne des Témoins de Jéhovah pour la protection des libertés religieuses.”1

Il existe d’autres ONG telles que : le “Consistoire National des Témoins de Jéhovah,” une ONG française ; “l’Union des Témoins de Jéhovah” et la “Représentation de la Watchtower Bible and Tract Society de Pennsylvanie” ; qui est une ONG géorgienne. Et pour finir : “La Watchtower Bible & Tract Society, Pologne.”

Les activités politiques de la Watchtower en tant qu’ONG ne se cantonnent pas non plus à l’Europe. En 1999, le gouvernement australien a procédé à des consultations auprès d’ONG représentatives de nombreuses religions dans le but d’apporter des améliorations en matière de coopération et de faire avancer la cause des droits de l’homme. Les comptes-rendus officiels donnent comme représentant de la Watchtower Donald MacLean – coordinateur de la filiale d’Australie – et Vincent Toole, conseiller juridique de la Société Watchtower. Le compte-rendu du Comité officiel d’Hansard est disponible sur internet.2

“QUI VEUT ETRE AMI DU MONDE SE CONSTITUE ENNEMI DE DIEU”

A la lumière des faits que nous venons d’énumérer ici, concernant en premier lieu les critères requis pour les ONG publiés par les Nations Unies elles-mêmes, puis les preuves abondantes comme quoi la Watchtower fut plus que diligente à remplir ses obligations d’ONG associée, ainsi que les différents témoignages attestant une participation directe des représentants de la Watchtower à de nombreuses conférences politiques, ce qui implique tacitement un partenariat avec les autres ONG religieuses avec la signature d’une pétition qui exhortait d’autres organisations à s’engager davantage dans la promotion – non du royaume de Dieu – et la sensibilisation aux droits de l’homme, l’imposture et l’hypocrisie de la Watchtower a donc été dévoilée.

En faisant abstraction des prétendues intentions nobles derrière de tels engagements politiques, le fait d’œuvrer en faveur d’objectifs humanitaires, voire même théocratiques, justifie-t-il que l’on se fasse ami du monde ? Si elle est vraiment “l’organisation de Jéhovah,” comme elle l’affirme elle-même, les conséquences de la duplicité dont la Watchtower a fait preuve en se prostituant avec son étrange compagnon de lit ne peuvent être sous-estimées. La Bible parle sans détour aux chrétiens à ce sujet, comme nous pouvons le lire en Jacques 4:4 qui nous dit : “Femmes adultères, ne savez-vous pas que l’amitié pour le monde est inimitié contre Dieu ? Celui donc qui veut être ami du monde se constitue ennemi de Dieu.

1 La liste des ONG participantes sur le site de la Commission des Nations Unies sur les droits de l’homme.

2 Comité officiel Hansard (pdf)

Mais les activités de la Watchtower comme ONG sont-elles si graves que cela ? Oui, elles le sont, selon les propres dires de la Watchtower ! Voici ce que disait La Tour de Garde du 1er avril 1978 au sujet de la chrétienté donnant son soutien aux Nations Unies :

“Entre autres “œuvres”, la chrétienté a apporté son soutien à des projets humains pour l’établissement de la paix, alors que Jésus enseigna aux vrais chrétiens à prier pour le Royaume de Dieu, le seul instrument qui permettra l’instauration de la paix sur notre globe. Les chefs religieux catholiques et protestants ont salué l’Organisation des Nations unies comme ‘le dernier espoir de paix pour l’homme’.”

En effet, comme cela a été démontré, toutes les ONG associées aux Nations Unies ont le devoir d’apporter leur concours en conduisant des campagnes d’information en leur faveur, ce que la Watchtower a indéniablement effectué. Cela signifie que la Watchtower, et par extension tous les Témoins de Jéhovah, même si ce n’est qu’indirectement, se sont montrés coupables d’avoir soutenu un programme politique humain. Ironiquement, sans le vouloir, en condamnant la chrétienté, la Watchtower s’est aussi condamnée elle-même en tenant les propos suivants consignés dans La Tour de Garde du 1er février 1973 :

“La chrétienté appartenant à l’Organisation des Nations unies est donc logiquement en faveur d’un gouvernement humain et non divin… La chrétienté a usurpé son nom, et elle n’a aucune excuse.”

Si la chrétienté est inexcusable et a usurpé son droit d’être appelée chrétienne, en “appartenant à l’Organisation des Nations Unies,” combien plus le partenariat entre la Watchtower et les Nations Unies est-ilinexcusable ? Au moins, la chrétienté a été franche et honnête sur son soutien apporté aux Nations Unies ; alors que la Watchtower est coupable d’hypocrisie choquante. Elle s’est comportée comme une femme adultère immorale, se faufilant en catimini à la faveur de la nuit et allant même jusqu’à mentir lorsqu’elle fut prise la main dans le sac. Bien sûr, ces mots sont très durs. Mais est-il juste d’accuser la Watchtower d’idolâtrie, de prostitution spirituelle et d’hypocrisie ? Encore une fois, selon les mots mêmes que cette dernière a utilisés pour condamner la chrétienté, la réponse est oui :

“L’amitié constante entre la chrétienté et les hommes politiques, les chefs militaires et les hommes d’affaires cupides de ce monde est un scandale public… Les Églises de la chrétienté ont également commis l’adultère spirituel “avec leurs sales idoles”. L’une des “idoles” les plus récentes et les plus importantes qu’elles adorent est l’“image” de la bête sauvage symbolique, c’est-à-dire l’organisation politique mondiale appelée les Nations unies, à laquelle appartiennent la plupart des nations dites chrétiennes.” – Les Nations Sauront.

Là encore, si “l’amitié constante entre la chrétienté et les hommes politiques” est un scandale public, la liaison secrète de la Watchtower avec les Nations Unies est plus que répréhensible en raison du fait que les Témoins de Jéhovah se vantent d’être restés sans tache de ce côté-là. De quelle manière la chrétienté a-t-elle fait des Nations Unies une idole qui ne s’apparente pas à ce qu’a également fait la Watchtower ? Alors que la Watchtower n’a peut-être pas proféré de blasphèmes en désignant les Nations Unies ou la Société des Nations comme la manifestation politique du royaume de Dieu sur terre, comme certains membres du clergé le firent ; si les Nations Unies sont réellement la “chose immonde” des prophéties comme le croient les Témoins de Jéhovah, alors le fait que la Watchtower se soit montrée aussi assidue pour ce qui est d’écouter les déclarations de celles-ci revient à avoir glorifié une “sale idole,” pour reprendre les mots prononcés par Jéhovah lui-même ?

Le fait est que la Watchtower Bible and Tract Society s’est faite le partenaire politique d’une agence du monde de Satan et les preuves abondent que l’organisation a servilement rempli les obligations de ce partenariat. En plus, dans son service en faveur des Nations Unies, la Watchtower a détourné de leur utilisation originelle les ressources dont elle dispose – à la fois humaines et matérielles – qui étaient au départ consacrées à Jéhovah Dieu seul. Selon les jugements de Jéhovah, cela revient à de la prostitution spirituelle, à de l’idolâtrie et à de l’apostasie. Les conséquences de tels agissements sont inévitables.

En 1952, il y a plus de cinquante ans de cela, le numéro du 15 septembre de La Tour de Garde se vantait du fait que les Témoins de Jéhovah “refusent toute association avec l’abominable Société des Nations ou avec les Nations Unies.”

Ô combien les choses ont changé !!

Il n’est pas étonnant que Jéhovah exprime sa déception et sa stupéfaction devant la déplorable hypocrisie de son peuple organisé, disant en Isaïe 1:21 : “Ah ! comme elle est devenue une prostituée, la cité fidèle !” Maintenant que la Watchtower pratique les mêmes choses que ce pourquoi elle a critiqué sans ambages la chrétienté pendant tant d’années, nous comprenons mieux pour quelle raison, il y a si longtemps, Jéhovah avait fait cette déclaration consignée en Ezékiel 7:27 : “Selon leur voie j’agirai à leur égard, et avec leurs jugements je les jugerai ; et il faudra qu’ils sachent que je suis Jéhovah.’

 

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